Comment la mobilité urbaine peut-elle améliorer la sécurité routière ?
La gestion de la mobilité à l'intérieur des zones urbaines est de plus en plus complexe. En effet, l'apparition de nouveaux modes de transport urbain et les besoins croissants de mobilité des populations urbaines ont généré des problèmes de cohabitation et d'insécurité routière pour les usagers de la route les plus vulnérables en cas d'accident.
Face à cette progressive, mais profonde modification de l'environnement et des infrastructures de circulation en ville, il est nécessaire d'intégrer la notion de sécurité routière dans les réflexions et les actions menées dans le cadre de la mobilité urbaine. Comment le développement et l'utilisation des modes de déplacement propres peuvent-ils conduire à une réduction des risques ?
Nous vous proposons de détailler les différentes mesures permettant de faire de l'amélioration de la sécurité routière l'un des bénéfices des solutions de mobilité urbaine.
Un état des lieux de la sécurité routière en ville
Les données statistiques de la sécurité routière en France confirment chaque année que l'environnement urbain présente de nombreux risques, foncièrement différents de ceux constatés hors agglomération. En ville, les accidents impliquant plusieurs véhicules sont généralement moins graves, dans le sens où ils se limitent à des dégâts matériels, essentiellement en raison de la vitesse moins élevée que sur les routes ou autoroutes.
Cependant, quand des cyclistes ou des piétons sont concernés, les accidents prennent une tournure beaucoup plus dramatique, comme peuvent en témoigner les chiffres suivants :
- les accidents de la route en agglomération augmentent chaque année et représentent 30 % de la mortalité routière ;
- les principales victimes de ces accidents sont les conducteurs de deux-roues motorisés, les piétons, les cyclistes et les utilisateurs d'EDPM ;
- 300 piétons sont décédés en agglomération en 2021 en France, à 81 % lors d'un choc avec des véhicules de tourisme ou des véhicules utilitaires ;
- en ville, il y a 3 fois plus de risques d'accident pour un cycliste que pour un automobiliste, avec 26 fois plus de risques de blessure grave.
De fait, il est indispensable de mettre en place toutes les actions et les dispositifs nécessaires à une meilleure sécurité routière à l'intérieur des villes, tout en s'inscrivant dans le développement durable et la transition écologique.
Accompagner le développement des nouvelles solutions de mobilité urbaine
De multiples facteurs ont accru les besoins de mobilité dans les moyennes et grandes villes : augmentation des populations urbaines, forte attractivité économique et culturelle des villes et augmentation des offres de services de mobilité multimodale. Pour de nombreux urbains, la voiture individuelle n'est plus le moyen de transport privilégié pour, par exemple, se rendre au travail quotidiennement.
La conséquence de ces changements d'habitudes, pour le plus grand bien de l'environnement et de la qualité de l'air en ville, se traduit par des risques plus élevés, comme nous venons de le constater. Or, il n'est pas admissible que les usagers les plus impliqués dans la recherche d'un trafic routier plus écologique soient le public le plus exposé aux risques d'accident.
C'est pourquoi la politique de mobilité urbaine menée par l'État et les collectivités locales doit concentrer ses efforts vers la protection des usagers jugés comme étant les plus vulnérables aux yeux du code de la route, c'est-à-dire ceux n'ayant pas de carrosserie pour les protéger. Pour ce faire, différents leviers d'action sont possibles : gestion du plan de circulation, infrastructures adaptées, circulation en site propre, mesures de prévention et d'information, applications de mobilité, amélioration de la sécurité active et passive des véhicules, analyse approfondie des données des causes d'accidents.
Des infrastructures urbaines pour créer un cadre plus sécurisant
La protection des vies humaines en ville doit donc être une priorité, non seulement pour diminuer le nombre de victimes d'accidents, mais aussi pour maintenir le niveau d'engouement pour les modes de déplacement doux et propres.
Si l'on prend l'exemple d'un cycliste utilisant un vélo traditionnel ou un vélo à assistance électrique victime d'un accident de la route en agglomération, alors qu'il respectait toutes les réglementations et circulait avec prudence. Comment être sûr que ce cycliste ne fasse pas marche arrière et décide d'utiliser à nouveau une voiture pour ses déplacements urbains ?
La sécurité routière et la mobilité urbaine sont donc au cœur du développement des villes de demain, qui doivent apporter un cadre sécurisant à tous les usagers de la route, de la voirie et de la rue. L'aménagement de sites de circulation propres, uniquement réservés aux piétons, aux vélos, aux trottinettes ou aux skateboards doit être une priorité, avec des solutions évidentes telles que les pistes cyclables ou la création de zones réservées aux piétons.
L'on peut également améliorer le marquage au sol et la signalisation, de façon à les rendre plus visibles et à augmenter le respect des règles de circulation. Par exemple, la ville de Paris est la première ville européenne ayant installé un passage piéton en 3D, qui grâce à une illusion optique donne l'impression de flotter sur la route, renforçant ainsi son impact et sa visibilité.
La protection des utilisateurs des modes de déplacements écologiques doit également inclure la protection de leurs véhicules, parfois chers et difficilement remplaçables du jour au lendemain. Les villes ayant consacré des espaces et des financements pour la création de parkings sécurisés ont constaté un essor de l'utilisation du vélo et vélo électrique.
Des véhicules intelligents et des équipements de sécurité connectés
Il est important de ne pas négliger l'apport pouvant venir de la conception des véhicules et des équipements destinés aux utilisateurs de ces véhicules. Pour rester dans l'exemple du vélo électrique, il faut savoir que les modèles les plus évolués technologiquement, peuvent disposer d'un guidon connecté et d'une application de mobilité.
Ces applications peuvent contribuer de façon active à la sécurité des utilisateurs en signalant, par exemple, l'approche d'une zone de travaux. Or, en ville, les zones de travaux sont souvent des zones accidentogènes, par effet de surprise ou par manque de signalisation suffisante.
Il est également utile de recommander aux usagers des nouveaux modes de transport de privilégier des véhicules équipés d'un système de signalisation et d'éclairage performant : catadioptres, feux clignotants, feux de stop ou de position présents à l'avant comme à l'arrière.
De nouvelles technologies sont également disponibles pour bien s'équiper et effectuer des déplacements urbains en toute sécurité, que ce soit sur le plan du signalement de sa présence sur la route (vêtements réfléchissants ou sac à dos avec indicateurs de changement de direction) ou sur le plan de sa protection active (casque, gants, tenue protectrice).
Enfin, tout comme il est obligatoire d'entretenir les véhicules lourds (voitures, véhicules utilitaires et camions), il est indispensable de vérifier régulièrement les freins et la direction de son vélo ou vélo électrique.
Nous vous recommandons ces autres pages :