Voiture électrique en ville : une réponse pour la mobilité de demain ?
Face aux défis qu'impose la mobilité urbaine en France aujourd'hui, comme pour les années et décennies à venir, l'État et les collectivités doivent agir. Comment permettre aux citoyens de circuler librement tout en limitant les émissions de gaz à effet de serre ? Quels moyens de transport développer pour mieux desservir les agglomérations ? Comment réduire les temps de trajets ? Quelles sont les solutions disponibles en termes de mobilité urbaine ?
Voilà quelques-unes des questions auxquelles certains répondent par une solution : la voiture électrique. Si elle a des avantages indéniables, il y a encore pourtant de nombreuses choses à parfaire pour qu'elle représente l'avenir des déplacements urbains. Alors, pourquoi favoriser le développement des voitures électriques en ville, et quelles en seraient les limites ?
Moins de CO2 à l'usage, mais pas d'impact environnemental zéro
L'un des arguments phares pour faire de la voiture électrique une solution d'avenir est de dire qu'il s'agit d'un véhicule « propre », « durable », « qui ne pollue pas ». C'est bien sûr en partie vrai, car à l'utilisation, les émissions de gaz à effet de serre d'une voiture électrique sont quasi nulles. Sur le cycle entier de la voiture (de l'extraction des matières premières jusqu'à sa fin de vie), les voitures électriques sont aussi plus propres. Selon le lieu de production et le type d'énergie utilisé, une voiture électrique émet par exemple entre 22 % et 79 % de CO2 en moins par rapport à une voiture thermique. En ce sens, les véhicules électriques représentent des solutions d'avenir pour limiter la pollution urbaine. C'est à la fois bénéfique pour la qualité de vie quotidienne, les risques sanitaires, la biodiversité, etc.
Toutefois, il ne faudrait pas oublier que les voitures électriques émettent par ailleurs des particules fines. L'extraction des matières premières requises pour leur fabrication (pétrole pour le plastique et les pneus par exemple) engendre quant à elle des pollutions dans les zones concernées. Cela, au même titre que les voitures thermiques. En revanche, la production et le traitement des batteries induisent de nouvelles sources de pollution. Loin de nos villes, on ne les perçoit pas lors de l'utilisation d'une voiture électrique, mais elles sont bien réelles et ont un impact sur l'environnement.
Si l'on veut en faire le véhicule urbain et propre du futur, il reste donc à travailler sur des technologies plus performantes, d'autres matières premières, d'autres méthodes d'extraction, etc. Sans oublier les sources qui permettent de produire l'électricité utilisée pour rouler, parfois polluantes. C'est tout aussi vrai pour les engins de type trottinette ou vélo électrique par exemple.
Moins de pollution sonore, mais des problèmes de sécurité
Une étude de l'ADEME et du Conseil National du Bruit publiée en 2021 indique que le bruit a un coût social de plus de 106 milliards d'euros par an en France. Sans grande surprise, le responsable numéro un des nuisances est le transport routier, à plus forte raison en ville. Les véhicules électriques ont quant à eux l'avantage d'être silencieux, en particulier à basse vitesse. Un parc urbain majoritairement composé de voitures et camionnettes fonctionnant à l'énergie électrique permettrait ainsi de réduire significativement les nuisances en centre-ville comme en banlieue.
Problème : en ville, où circulent aussi piétons, cyclistes et utilisateurs d'autres mobilités douces, l'absence de bruit présente un risque sécuritaire. En réponse, les autorités européennes ont alors imposé aux véhicules électriques et hybrides de produire des sons. Ils doivent être d'au moins 56 décibels, entre le démarrage de la voiture et jusqu'à une vitesse d'environ 20 km/h. L'intérêt silencieux des véhicules électriques perd alors tout son sens. Ne serait-il pas plus judicieux de garder des voitures silencieuses, tout en éduquant et en sensibilisant l'ensemble de la population ? En mettant en place des initiatives pour un partage de la route plus sécuritaire pour tous ?
Moins de coûts de transport, mais jusqu'à quand ?
À l'achat, les véhicules électriques et hybrides restent aujourd'hui plus chers de plusieurs milliers d'euros que les véhicules thermiques, à modèles similaires. Les aides de l'État, ainsi que de certains fabricants et concessionnaires permettent de combler une partie de cet écart de prix. Mais ces subventions et financements avantageux ne dureront pas éternellement. D'ici à quelques années, tout le monde sera-t-il alors en mesure de remplacer son véhicule essence ou diesel par un modèle électrique ? Les prix des véhicules électriques vont-ils baisser du fait du développement du parc ou vont-ils croître du fait de la raréfaction des matières premières ? Des questions à ne pas négliger lorsque l'on cherche à répondre au défi d'une mobilité pour tous, y compris les ménages les moins aisés.
Quant au coût de recharge sur les bornes ou à domicile, il est présenté comme particulièrement avantageux. À ce jour, pour parcourir 100 kilomètres, on dépense 3 à 4 fois moins en roulant avec un véhicule électrique qu'avec un véhicule thermique. Mais c'est moins vrai dès lors qu'on veut une recharge rapide, en utilisant une borne de type super chargeur. Ces bornes font gagner du temps pour « faire le plein » et répondent à l'un des freins à l'achat d'une voiture électrique. Cependant, le coût peut égaler, voire dépasser, celui d'un plein d'essence ou de diesel.
Dans un contexte de crise énergétique et de tensions sur le réseau EDF, reste à savoir laquelle de l'électricité ou de l'énergie fossile sera la plus avantageuse financièrement à l'avenir. Car si le coût de recharge électrique ne permet plus de faire de réelles économies, on peut douter de l'attrait de ces véhicules pour les citadins.
Des autonomies plutôt faibles, mais adaptées à la conduite en ville
L'un des reproches que l'on fait à l'automobile électrique est son manque d'autonomie, avec des voitures citadines qui peuvent rouler un peu plus de 300 kilomètres et certaines berlines qui atteignent 500 à 600 km. L'autonomie est donc réduite d'environ moitié par rapport à un véhicule à moteur essence ou diesel équivalent. Pour les longs trajets, cela peut être stressant et chronophage, avec le souci de devoir trouver une borne de recharge et d'attendre plusieurs dizaines de minutes pour faire le plein.
En revanche, pour la mobilité urbaine, cela est beaucoup moins problématique : le type de conduite consomme moins d'électricité que sur autoroute et les faibles distances parcourues permettent de ne pas forcément faire de recharge quotidienne.
Reste cependant la question de la possibilité de recharger son véhicule lorsque l'on vit en ville : sans garage commun ou individuel, il est nécessaire d'avoir une borne à proximité de chez soi. La transition vers une flotte électrique impose donc le développement d'infrastructures de la part des entreprises, des promoteurs immobiliers et des collectivités. Le déploiement de l'autopartage, avec des zones dédiées au stationnement et à la recharge des véhicules électriques en libre-service, pourrait également être intéressant. En effet, ce type de service en facilite l'accès à ceux qui ne peuvent pas ou ne veulent pas posséder leur propre véhicule. Cela leur offre la possibilité de louer une voiture uniquement quand c'est nécessaire, favorisant l'utilisation d'autres modes de déplacement durable quand cela est possible.
Conclusion : l'automobile électrique, une solution avec des points d'amélioration
Dans un souhait de transition écologique, d'amélioration de la qualité de vie urbaine et d'une réduction des coûts de transport, la voiture électrique a des avantages indéniables. Mais les défis restent nombreux et elle ne représente pas à ce jour une solution miracle. C'est via l'investissement public dans les infrastructures de recharge et de stationnement, une législation adaptée et de sérieuses avancées technologiques, que les véhicules électriques pourraient devenir encore moins polluants et moins coûteux, et plus pratiques d'utilisation. Ils pourraient alors avoir une place prépondérante dans nos villes, aux côtés d'autres mobilités.
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