Quels sont les enjeux des nouveaux modes de transport en milieu urbain ?
Face à la population croissante, au coût des véhicules conventionnels, à la prise de conscience environnementale et à l'envie des citoyens d'avoir d'un cadre de vie plus sécuritaire et plus sain, les villes doivent agir pour faire évoluer la mobilité. La place de la voiture est remise en question, tandis que les transports en commun restent parfois jugés trop absents.
On peut alors se demander quelles seraient les solutions disponibles pour la mobilité urbaine d'aujourd'hui et de demain. Qu'ont-elles à apporter ? Sont-elles 100 % avantageuses ? Des questions cruciales pour envisager l'avenir dans les villes, destinées à s'agrandir encore et toujours au fil des décennies.
Favoriser une mobilité qui répond à tous les besoins
Dans une même ville, cohabitent des profils d'habitants très divers : des adolescents aux actifs en passant par les retraités, des célibataires aux individus en couple en incluant les familles, des citadins du centre-ville aux résidents des quartiers alentour ou plus éloignés encore, etc. Ce sont autant de modes de vie et de capacités à se déplacer différents, qui constituent un réel enjeu pour les élus des villes de France. Il s'agit à la fois d'offrir à tous les citadins le confort et la liberté de se déplacer, mais aussi de rendre les services publics et les commerces accessibles à tous et d'éviter le cloisonnement social.
Les nouvelles solutions de déplacement peuvent en partie y répondre, à travers les aspects suivants :
- les Engins de Déplacement Personnel Motorisés (trottinettes électriques, gyropodes, etc.) sont accessibles dès l'âge de 12 ans, permettant aux jeunes de se mouvoir plus facilement dans l'espace urbain, sans avoir besoin d'un adulte au volant d'un véhicule ;
- ces solutions facilitent la multimodalité, permettant de développer un réseau de transports plus étendu ;
- l'usage du vélo ou de la trottinette, associé à des voies cyclables et à des zones de stationnement dédiées, assure un accès plus facile et plus proche aux transports. Là où une ligne de tramway dessert certains arrêts précis, les EDPM permettent de se déplacer d'un point A à un point B de son choix.
Toutefois, il ne faudrait pas oublier que ces nouvelles mobilités ne sont pas totalement inclusives. Pour les personnes âgées ou les personnes en situation de handicap, le gyropode, le gyroroue ou la trottinette n'est pas un mode de transport accessible. Leur développement ne doit donc pas se faire au détriment des transports au commun. Par ailleurs, les collectivités doivent encore relever bon nombre de paris pour faciliter la mobilité de ces personnes et leur offrir les services adéquats.
Réduire les temps de trajet en ville
Si dans certaines villes, l'usage de la voiture tend à diminuer ou à se stabiliser, il reste commun de constater des embouteillages aux heures de pointe. D'ailleurs, même à Paris où les déplacements en voiture ont considérablement baissé ces dernières années (étude Apur entre 2001 et 2018), les temps de trajets peuvent se révéler très longs sur une petite distance.
C'est là l'un des autres enjeux de la mobilité en ville et des nouvelles solutions de déplacement. Face à des routes congestionnées, et parfois à une fréquence de passage des transports en commun trop faible, la mobilité douce prend tout son sens. La marche, la trottinette, le vélo, permettent parfois de gagner un temps considérable pour les trajets du quotidien. Ils restent néanmoins cantonnés à la micro-mobilité, et ne peuvent pas toujours remplacer les véhicules motorisés conventionnels (thermiques ou électriques) pour de plus longues distances à parcourir.
Limiter les émissions de gaz à effet de serre et améliorer la qualité de l'air
Si on sait déjà que les véhicules thermiques ont un impact considérable sur les émissions de gaz à effet de serre, un rapport de l'Agence européenne pour l'environnement vient le confirmer. Le transport est le premier responsable de ces émissions, avec environ 72 % imputables au transport routier, au sein desquels l'automobile représente 60,6 % des émissions. La concentration des voitures dans les zones urbaines contribue ainsi à dégrader la qualité de l'air. À une échelle plus globale, cela participe aussi évidemment au réchauffement climatique.
Les solutions modernes de mobilité citadine doivent donc s'adresser à cette problématique. Et elles le font : un vélo musculaire comme un vélo électrique ne produit par exemple aucune émission de CO2 lors de son utilisation. Il faudra toutefois nuancer lorsque l'on parle d'EDPM, puisque la fabrication et la fin de vie de ses appareils ne sont pas sont conséquences sur l'environnement. L'enjeu environnemental reste donc parfaitement d'actualité, même avec le développement de modes de transport de ce type. Charge aux entreprises qui les fabriquent et aux collectivités qui les proposent en libre-service d'innover pour en proposer une version toujours plus durable.
Éviter la situation de dépendance à la voiture
Une autre problématique au sein des territoires urbains est l'usage imposé d'un véhicule automobile. Dans les zones périphériques mal desservies, ou pour les actifs qui travaillent en dehors de l'agglomération, la voiture est parfois le seul mode de transport envisageable. On peut y voir une sorte d'inégalité, ces citadins étant obligés de se soumettre à tous les coûts que représente un véhicule motorisé, exacerbés par la crise énergétique et la flambée des prix des carburants. Et dans le même temps, ces habitants se voient éloignés des centres-villes, où les Zones à Faibles Émissions astreignent peu à peu à des véhicules toujours plus propres.
Ici, les EDPM ne représentent pas toujours une solution adéquate, puisque les distances sont parfois trop importantes pour envisager de se déplacer à trottinette ou à roller par exemple. Néanmoins, le déploiement du covoiturage, via des incitations financières et la mise en œuvre d'infrastructures adéquates, peut notamment réduire les coûts de déplacement. On pense également au transport à la demande, qui n'est pas une nouveauté, mais qui permet toujours de pallier un réseau de transports en commun mal déployé. La mobilité douce peut également avoir sa place, en particulier avec le VAE. Son autonomie et sa vitesse en font un moyen de transport adapté pour des déplacements au sein de l'agglomération. Cela à condition que les infrastructures publiques, mais aussi les services proposés par les entreprises, soient à la hauteur (voies cyclables, stationnement sécurisé, borne de recharge, etc.).
Contribuer à la santé publique
Les mobilités urbaines ont également un impact sur la sédentarité et l'activité physique au quotidien. Pour un petit trajet, préférer la marche à la voiture permettra de pratiquer une activité douce pendant les 30 minutes journalières recommandées. Et c'est un enjeu crucial pour les collectivités et les populations, qui font face à une croissance du surpoids et de l'obésité. Les seules mobilités actives ne sauront répondre à cette problématique, mais peuvent participer à un élan pour lutter contre la sédentarité.
Bénéfique pour la santé individuelle et publique, la pratique du vélo pour les trajets quotidiens peut par exemple être encouragée. Il en va de même pour la marche à pied, qui peut être incitée par la piétonnisation de certaines zones urbaines, l'aménagement d'espaces verts, la mise en place de panneaux signalétiques, l'élargissement des trottoirs, etc.
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