Pourquoi la mobilité urbaine doit-elle être multimodale ?
La croissance exponentielle des besoins de mobilité dans les territoires urbains est difficilement compatible, de prime abord, avec les exigences du développement durable et de la transition écologique. Si l'époque du « tout voiture » semble définitivement révolue grâce à l'apport de multiples nouvelles solutions de mobilité urbaine, il reste des défis à relever pour améliorer la qualité de vie et les déplacements des habitants de nos villes.
La multiplication des modes de transport en ville ne peut pas résoudre à elle seule toutes les difficultés sans une coordination des différents services de transport, sans l'aménagement de nouveaux espaces urbains et sans l'utilisation des technologies connectées. Nous vous proposons donc de découvrir les caractéristiques et les bénéfices de la multimodalité.
Qu'est-ce que la mobilité urbaine multimodale ?
Pour bien appréhender les différents aspects et les intérêts collectifs de la multimodalité des déplacements en ville, il est indispensable de préciser ce dont il s'agit concrètement.
La multimodalité désigne le fait de disposer et d'utiliser plusieurs modes de transport pour effectuer un déplacement entre deux lieux situés dans une même ville. Ce concept, loin d'être nouveau, s'inspire de l'intermodalité mise en place dans le secteur du transport des marchandises et de la logistique. Ce dernier, par l'intermédiaire de pôles d'échanges multimodaux, vise à utiliser les moyens de transport les plus adaptés à chaque trajet et plus particulièrement dans les zones urbaines les plus denses.
La multimodalité des déplacements dans les villes repose donc sur la possibilité d'utiliser plusieurs modes de déplacement pour se rendre au travail, aller faire des courses ou se déplacer dans le cadre de ses loisirs.
Les différents moyens de transport pouvant s'inscrire dans les mobilités urbaines multimodales sont les suivants :
- les véhicules individuels (véhicule à moteur thermique ou voiture électrique) ;
- les transports en commun (bus, tramway, métro, navettes) ;
- les modes de déplacement doux (marche, vélo, vélo électrique, skate, EDPM) ;
- les deux-roues motorisés ;
- les réseaux d'autopartage ou de covoiturage ;
- les flottes de véhicules en location courte à la demande.
Comme nous l'avons mentionné en introduction de cette page, l'offre en matière de déplacements urbains doit s'accompagner d'une politique globale de coordination de ces différents moyens et de la création d'infrastructures nouvelles et d'espaces réservés aux déplacements doux. Il faut également réussir à exploiter au mieux l'apport représenté par les technologies de l'information.
Comment favoriser la mobilité multimodale et les bonnes pratiques ?
Pour inciter les habitants des grandes métropoles à modifier leurs habitudes et à basculer définitivement vers des pratiques plus douces pour l'environnement, il est indispensable de mener une réflexion et de mettre en place des solutions visant à rendre les mobilités urbaines plus pratiques, plus fluides et plus intelligentes.
Les pôles d'échanges et les parkings relais
Pour fluidifier les interconnexions entre les modes de transport disponibles, les villes doivent renforcer leur offre en matière de pôles d'échanges et de parcs relais. Ces espaces sont destinés à proposer aux usagers des solutions pour laisser leur véhicule (voiture, vélo ou même trottinette) et accéder directement à un service de transport en commun.
Idéalement, le tarif du parking ou de la consigne doit être très attractif, de façon à représenter un intérêt financier pour l'automobiliste prêt à délaisser temporairement sa voiture individuelle. Par ailleurs, pour convaincre davantage d'usagers, les transports publics se doivent d'être compétitifs, dans le sens de la ponctualité, de la praticité, de l'ampleur du réseau, de la sécurité et de la qualité générale du service.
Il est évident que les pôles d'échanges ont pour but de limiter le nombre de voitures en circulation dans les zones les plus denses en incitant les automobilistes à revoir leurs pratiques et mieux percevoir les avantages de la multimodalité. Par conséquent, les lieux d'emplacement des projets de pôles d'échanges doivent être rigoureusement et intelligemment choisis, de façon à réduire efficacement l'utilisation systématique de la voiture sur la totalité d'un trajet.
Zones d'exclusion et sites propres réservés aux déplacements doux
Si les voitures à moteur fonctionnant avec des énergies fossiles sont régulièrement montrées du doigt et sont les véhicules qui subissent et doivent encore subir des restrictions, c'est parce qu'elles sont responsables des principales nuisances constatées dans les villes : pollution, bruit, embouteillages et insécurité routière pour les piétons et cyclistes.
Pour rappel, en France, les voitures et camions occupent en moyenne 60 % des espaces de voirie en ville, alors qu'ils ne représentent que 15 % des déplacements urbains. On ne peut donc que constater que le rapport entre l'espace occupé et l'offre de transport effectivement rendue n'est pas équilibré et cette répartition se fait au détriment des modes de déplacement doux.
C'est pourquoi la mobilité urbaine multimodale doit inclure la création de sites de circulation propres, réservés uniquement aux déplacements doux. L'objectif principal est d'améliorer la cohabitation entre les voitures et les autres modes de déplacement. Pour ce faire, l'efficacité des voies réservées et des pistes cyclables n'est plus à démontrer. Elles représentent un véritable apport pour la sécurité des usagers de la route les plus exposés en cas d'accident et contribuent largement au développement de l'usage des vélos et autres trottinettes.
Pour réduire l'impact de la voiture, il est également possible d'interdire la circulation des véhicules les plus polluants dans les zones urbaines dans lesquelles la qualité de vie des urbains est le plus en souffrance. Ces interdictions de circulation peuvent prendre un caractère définitif (Zones à faibles émissions-mobilité) ou temporaire (dimanche mensuel sans voiture).
Dans les deux cas, à chaque fois qu'un automobiliste est contraint ou incité à utiliser un mode de déplacement autre que son véhicule, il est important que la mobilité multimodale lui offre un service séduisant et pratique, pour qu'il envisage d'y avoir recours plus fréquemment.
Les technologies de l'information et les mobilités connectées
La fluidité des mobilités urbaines est indissociable des nouvelles technologies et des systèmes connectés. Que ce soit pour le matériel (véhicules électriques, bornes de recharge) ou pour la gestion des réseaux de circulation, ces technologies sont de précieux alliés au service d'une mobilité urbaine plus intelligente.
En effet, l'urbain moderne se déplace en adaptant ses choix de locomotion en fonction de critères propres à chacun, qui peuvent concerner la rapidité d'un moyen de transport, sa praticité, son coût ou son impact écologique. Le fait de pouvoir disposer d'une information en temps réel pour chaque trajet par l'intermédiaire d'une application de mobilité permet de s'orienter vers la solution la plus opportune, toujours selon ses besoins du moment.
On parle alors de mobilité urbaine multimodale intelligente, car elle est en mesure de répondre à des aspects pratiques (localisation, horaires, disponibilité, état des réseaux, identification, réservation, paiement) avec un simple smartphone. De plus, cette intelligence de la mobilité offre la possibilité de créer des réseaux de déplacements à fonctionnement simplifié. Par exemple, certaines villes proposent aux usagers l'utilisation d'un seul ticket pour stationner dans un parc relais, monter à bord des transports publics ou prendre un vélo en libre-service.
L'individualisation de la mobilité urbaine est une donnée primordiale pour satisfaire les habitants des grandes métropoles en leur offrant des services adaptés à chaque situation.
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