Les transports en commun au sein de la mobilité urbaine
De nombreuses solutions de mobilité urbaine sont disponibles. Elles dépendent du périmètre concerné (ville, centre-ville, milieu périurbain, etc.), de la densité de la population, des mobilités observées, des besoins exprimés (ou non) en termes de déplacement, etc.
Pour comprendre la place qu’occupent les transports en commun dans la mobilité urbaine, il faut préalablement définir ces deux notions : mobilité urbaine et transports en commun. C’est ce que nous allons faire dans un premier temps. Nous verrons en quoi l’un ne peut s’articuler pleinement sans l’autre.
Une fois cela explicité, nous pourrons apprécier les notions d’espace partagé, de synergie des moyens de transport et de circulation des personnes au sein de la mobilité urbaine. Nous verrons que les enjeux de désengorgement, de création et d’optimisation des déplacements, de pollution des villes et de transport durable, sont autant de faisceaux qui intègrent la mobilité urbaine en France comme dans tout autre pays.
Définir la mobilité urbaine au sein d’un périmètre
Pour comprendre et définir ce qu’est la mobilité urbaine, il faut observer qu’elle respecte un cadre géographique déterminé. Le périmètre peut se définir à une ville, un centre-ville, une périphérie, voire un milieu périurbain. Cela dit, la mobilité urbaine est toujours attachée à un périmètre urbain, c’est-à-dire à forte densité de population.
En France, selon l’article L1214-3 et suivants du Code des transports, le plan de déplacement urbain (PDU) est obligatoire sur certains territoires depuis le 1ᵉʳ janvier 2020. Au 1ᵉʳ janvier 2021, ce PDU est devenu le plan de mobilité (PDM) selon la loi d’orientation des mobilités. Tout cela indique le degré d’implication des pouvoirs publics à se saisir des problématiques de transport et de déplacements. Parallèlement, les entreprises de plus de 100 salariés sont invitées à réfléchir à un plan de déplacements d’entreprise (PDE), qui viendra s’imbriquer dans la réflexion plus largement menée par l’ensemble des acteurs :
- données exploitées par les pouvoirs publics et notamment la CEREMA ;
- cabinets d’études mandatés sur les projets envisagés ;
- contribution du public lors d’enquêtes (conducteurs de véhicules de type voiture, vélo, poids lourds, transports en commun) ;
- etc.
La mobilité urbaine, c'est donc une étude approfondie et continue sur l’ensemble d’un réseau de déplacements identifiés au sein d’un périmètre urbain. Chaque mode de transport en commun (bus, métro, tramway, etc.), personnel (voiture, vélo, piéton, etc.) et professionnel (véhicules de transport de marchandises, taxi, vélo cargo, etc.), est concerné et considéré.
Pour ordre d’idée, à Paris en 2021, ce ne sont pas moins de 1,5 million de déplacements et trajets quotidiens qui ont été comptabilisés. Les enjeux sont donc cruciaux (développement économique, environnement, lien social, service à la personne, qualité de vie des habitants, urbanisme, etc.).
Les transports en commun doivent susciter l’envie et déceler le besoin
Les transports en commun ont un effet direct en matière de mobilité urbaine. Ils sont nécessaires et permettent de drainer une population urbaine au cœur d’une ville.
Petite anecdote historique pour comprendre les ressorts des transports en commun
Pour introduire le sujet des transports en commun, remontons le temps de quelques siècles. En France, avant les débuts du service postal aux particuliers sous Henri IV, seul le service des lettres royales existait. À cette époque, à Paris, le réseau possédait une voiture à cheval reliant le palais royal aux points névralgiques de la capitale. Il fut proposé de « rentabiliser » ces courses en autorisant de transporter des particuliers au sein de cette voiture monnayant une contribution financière. Le taxi était né. Cependant, afin d’optimiser la voiture, cette dernière ne partait que lorsqu’elle avait fait le plein de voyageurs, ce qui avait pour effet de rendre les heures de départ et d’arrivée plutôt floues et disparates. De plus, le courrier souffrait de retard.
Il fut donc décidé à un moment que, voyageurs ou pas, la voiture partirait à une heure précise afin que le courrier arrive à l’heure. Dès lors, l’heure de départ (et donc l’heure théorique d’arrivée) étant fixe et définie, la voiture ne désemplissait pas. La ponctualité avait déclenché un besoin qui était déjà latent, mais mal étudié. Des voitures destinées au transport urbain de passagers (premiers taxis) ont alors vu le jour.
Cette anecdote historique pose les bases de toute étude de mobilité et démontre notamment qu’une bonne analyse des besoins va au-delà de ceux exprimés. La mobilité doit répondre à un besoin, parfois même le créer.
L’arrivée des transports en commun en France
Bien que les premiers tramways et bus remontent au début du 20e siècle, c’est notamment lors de la reconstruction d’après-guerre que les transports en commun ont joué un rôle important dans l’organisation des grandes villes de France. Les voitures personnelles étant inaccessibles aux revenus de l’époque, les modes de transports urbains ont dû répondre aux besoins de déplacement des travailleurs.
C’est ainsi que, lors de la reconstruction, l’urbanisme s’est pensé autour de ces modes de transports urbains devenus indispensables (bus, tramway, métro, etc.). Des infrastructures ont été bâties à cette seule fin de mobilité urbaine et l’ensemble de la population vivait au rythme des horaires de ces transports urbains.
La voiture personnelle modifie les déplacements en espaces urbains
Les trente glorieuses et l’industrialisation de la France permettent l’augmentation du pouvoir d’achat des Français. Chaque foyer commence à pouvoir s’équiper d’une voiture. Ce moyen de transport individuel est confortable, sécurisant, disponible à n’importe quel moment et remporte un franc succès. Mais, les routes sont saturées, les bouchons deviennent quotidiens et l’impact sur l’environnement est évident.
Le retour des transports en commun de nos jours
Face à ces constats et à la saturation des routes, les villes prennent des chemins différents pour pallier cette problématique de déplacements urbains. Certaines villes misent sur le maintien de la voiture individuelle et investissent pour créer plus de routes, plus de parkings, etc. D’autres comprennent l’inévitable refonte des mobilités urbaines à venir et se préparent à repenser tout le schéma.
C’est donc un enjeu de taille qui consiste à convaincre les utilisateurs (majoritairement motorisés en voiture personnelle), à troquer leurs habitudes et leur confort contre les avantages des transports en commun. Pour ce faire, de nombreuses réflexions sont menées.
- Les transports en commun bénéficient de sites dédiés (voies de bus, voie ferrée de tramway ou métro, etc.) qui leur permettent d’atteindre une vitesse commerciale supérieure à la vitesse d’une voiture en ville.
- Le coût des transports en commun concurrence la voiture individuelle pour être attractif. Parfois même, la gratuité permet de rencontrer le succès d’un large public tout en annihilant la fraude.
- L’intermodalité des transports en commun (TER/métro, métro/bus, tramway/métro, métro/parking covoiturage, etc.) permet la connexion entre tous les types de transports.
- La possibilité d’inclure les mobilités douces avec les transports en commun (vélo électrique que l’on peut embarquer à bord des bus, tramway, etc.) permet de séduire les utilisateurs de ces mobilités.
Il faut intégrer que les transports en commun ont un réel bénéfice, car, par exemple, une voiture « consomme » une superficie de 4,5 m² par personne transportée (si 2 personnes à bord), contre 0,47 m² pour un bus. À l’heure où l’espace urbain est inaccessible en termes d’urbanisme comme de stationnement, les transports en commun sont une réponse évidente (parmi d’autres) à la mobilité urbaine.
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